La Savoie dans l'europe
Relations entre les souverains savoyards
et la lointaine Angleterre


L'église de Contamine-sur-Arve
De toute la splendeur passée, il ne reste qu'une partie de l'église devenue église paroissiale. Les trois travées ne représentent pas l'édifice complet, mais seulement une partie de celui-ci. Le saccage de 1589 par les Bernois, Genevois et Français, nous donne une idée de l'ampleur de la destruction. La façade actuelle ne peut que confirmer le constat que le visiteur de Cluny, Jean Papon, faisait en 1607 "nous n'avons que la moitié de l'église du temps passé". Cette façade est en effet, composée d'un arc doubleau qui apparaît en saillie à l'extérieur comme à l'intérieur, séparant deux travées et d'un remplissage grossier au milieu duquel on a placé un portail de réemploi. Nous sommes en présence de l'ancienne église prieurale longue de trois travées quadripartites, elles se terminent par un chevet plat et ne comprend qu'une seule nef. On distingue entre les deux contreforts, une tour à demi engagée dans laquelle est placée un escalier qui dessert la partie haute de l'édifice.

Histoire
L'illustre Maison de Faucigny qui a donné ou qui tire son nom de la géographie des lieux : FAUCES ET AQUUM (vallée et rivière) se chargera de ses destinées pendant deux siècles et demi, apparaissant brusquement au XI° siècle, émergeant d'une période trouble et confuse.
Ses représentants habitent un château dominant la vallée de l'Arve, non loin de Bonneville et au-dessus d'un lieu-dit Contamine.
C'est vers 930 que cet oppidum parait avoir été construit. Il se dressait sur le plateau rocheux qui porte actuellement ses ruines.
C'est dans cette famille des sires de Faucigny, qu'étaient choisis les évêques de Genève. Guy de Faucigny gouverna le diocèse de Genève cinquante ans, de 1070 à 1120.
Château de FaucignyLe diocèse de Genève étendait sa juridiction sur trois provinces : le Chablais appartenant aux Comtes de Savoie, le Faucigny au Sire du même nom et sur le Comté de Genève.
C'est en 1083 que Guy de Faucigny donna à l'Abbaye de Cluny, l'église Sainte-Marie, située dans un lieu appelé Contamine près de l'Arve "juxta ripam fluvii qui vocatur arva", ainsi que tout ce qui appartient à ladite église en "serfs des deux sexes, chapelles et églises, vignes, champs, prés, bois, eaux, moulins, passages, terrains cultivés ou en friches…"
C'est ainsi que commença l'histoire de ce Prieuré.
Cette église devint le lieu de sépulture de la famille de Faucigny. Dans son testament du 16 novembre 1262, Agnès de Faucigny, femme du Comte Pierre de Savoie, atteste qu'y reposaient déjà son père et ses ancêtres.
En 1295, sous l'impulsion de Béatrice, fille d'Agnès et de Pierre II Comte de Savoie, l'église et le prieuré sont reconstruits.
Béatrice de Faucigny s'alloue les services d'un architecte qui a travaillé longtemps au Pays de Galles, appelé Maître Jacques de Saint Georges. Le 14 mai 1274, alors qu'il réside au château de Chillon, il lui est donné quatorze sols pour qu'il se rende à Contamine.

Architecture
L'église de ContamineL'église de Contamine présente en Haute Savoie, un caractère tout à fait particulier quant à son architecture.
Les fenêtres sont rectangulaires, mais en arc surbaissé à l'extérieur et sont à remplage. L'élan vertical de son volume intérieur accentué par les faisceaux de colonnettes, l'ampleur et la forme inédite des ouvertures, l'élégance du portail et de niches à trois baies trilobées qui s'ouvrent dans la travée absidiale, sont autant d'éléments qui tranchent sur tout ce qu'on peut observer dans la région.
Les fenêtres latérales sont particulièrement surprenantes : leurs baies géminées et leurs remplages ne se logent pas sous un arc brisé, mais sous un linteau, lui-même sous un arc surbaissé servant d'arc de décharge. Une étude comparative plus poussée permet d'inscrire plus exactement les baies de l'ancien chœur de Contamine dans les courants d'influences anglaises qui traversent la Savoie.
Arnold Taylor fait un rapprochement des baies rectangulaires à remplage de la Domus Clericorum du château de Chillon de celles de Kentgatehouse, du château gallois de Harlech. On peut trouver les prototypes des fenêtres du prieuré de Contamine dans les grandes baies rectangulaires, mais à remplage, maintenant ruinées, qui éclairaient les diverses pièces de la cour royale du château de Conway.
C'est justement la partie du château dont s'était chargé, en 1283, le fameux Maître Jacques de Saint-georges venu des chantiers savoyards sous le contrôle de Noble Jean de Bonvillard, un vassal d'Othon 1er de Grandson et, peut-être son beau-frère.
Frappant surtout apparaissent les rapprochements entres les fenêtres royales de la chambre de Conway et la baie méridionale de la travée du clocher de Contamine : d'un côté trois gros trilobés et de l'autre un seul. Si l'encadrement, à Conway est strictement rectangulaire, on retrouve en pourtour l'arc surbaissé, rare à cette époque dans les baies aussi bien savoyardes : Chillon, Yverdon, que galloises : Harlech, Beaumaris, et les traverses horizontales fréquentes à Contamine.
Tous ces éléments permettent à penser que ce type d'architecture militaire anglaise, mais un peu savoyarde, est appliquée à l'église de Contamine pour la première fois, mais aussi pour la dernière fois dans nos régions.

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11 impasse des Croses F-74130 CONTAMINE-SUR-ARVE
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